Les chemins de la renaissance - 17 avril 2020

Le président de la République, dans son intervention du 13 avril, a lui-même parlé de refondation. Cette épreuve personnelle et collective que nous vivons sera effectivement surmontée si nous la plaçons dans la perspective d’une renaissance nationale.

 

RETROUVER NOTRE SOUVERAINETÉ DANS LE DOMAINE SANITAIRE

S’il nous faut accepter aujourd’hui et dans les mois qui viennent des contraintes nécessaires dans l’attente d’une victoire sur la pandémie, les citoyens que nous sommes peuvent mettre à profit le confinement pour réfléchir à l’avenir commun. A cet égard, l’expérience de tous ceux qui ont été confrontés aux pénuries meurtrières d’équipements et de protections, dans le système de santé, dans le commerce et les transports, sera précieuse et méritera, de la part des autorités, une écoute attentive, mais surtout une prise en compte.

« Le jour d’après » ne saurait être celui de la reprise des anciennes pratiques après les discours d’hommage aux héros et de compassion pour les victimes. La violence de la crise économique placera les gouvernements devant des choix d’autant plus cruciaux que le monde restera sous la menace de nouvelles pandémies et de chocs climatiques. La renaissance de notre nation devra s’appuyer sur quatre enseignements que nous pouvons dès à présent tirer de la crise sanitaire et économique.

La France doit retrouver sa souveraineté dans le domaine sanitaire en relocalisant sa production de matériel médical et de médicaments, désormais placée sous le contrôle vigilant des autorités publiques. Il est heureux, à cet égard, que le Medef réfléchisse, en liaison avec l’industrie pharmaceutique, à un vaste plan de relocalisations, dont il faudra veiller à ce qu’il n’augmente pas paradoxalement notre empreinte carbone. Mais il faut aussi mettre en œuvre un plan de rénovation et de développement de l’ensemble de notre système de santé. Il en est de même pour notre souveraineté numérique. Comment garantir aux Français l’anonymat d’une application de suivi du virus lorsque plusieurs services de l’État sont dépendants d’un système d’exploitation non souverain ?

Le premier domaine de mise en œuvre de cette démocratie participative pourrait être l’hôpital public

Le gouvernement doit bien entendu protéger les entreprises et les salariés des effets immédiatement ravageurs de la crise économique mais il lui faudra prendre en compte le bouleversement social opéré par la crise sanitaire. Dans la lutte contre la pandémie, et pour assurer l’existence même de notre société, l’ensemble du service public et de nombreux secteurs libéraux et privés ont conjugué leurs efforts : la fonction publique hospitalière, les policiers, les pompiers, les enseignants, les médecins de ville, les infirmières et infirmiers, les conducteurs de camions, les livreurs, le personnel des grands magasins, les éboueurs, les commerçants, l’ensemble des agriculteurs.

Il faudra réviser les statuts et en créer de nouveaux – par exemple pour l’aide à la personne. Il faudra veiller à ce que l’estime dont bénéficient ces travailleurs se traduise dans le niveau de leur rémunération. Il faudra donner droit à leur volonté de participer aux décisions collectives : le premier domaine de mise en œuvre de cette démocratie participative pourrait être l’hôpital public, pour lequel l’ensemble des parties prenantes (personnels soignants, citoyens, associations de malades, collectivités territoriales, assurance maladie…) doit être pleinement associé à des décisions trop souvent imposées par des normes bureaucratiques et par des contraintes budgétaires dont nous constatons les effets catastrophiques. Depuis plusieurs années, de nombreuses voix s’élevaient en ce sens.

 

RÉFORMER LA MONDIALISATION

Les mauvais effets de la mondialisation, aujourd’hui communément constatés, nous obligent à repenser notre modèle de développement. La mesure quantitative de la croissance tient pour négligeable la souffrance sociale et les dégâts sur l’environnement. C’est dans la perspective d’un développement de l’homme tout entier – et non du seul producteur-consommateur – qu’il faut envisager le redéploiement de nos activités. La crise sanitaire nous montre déjà la nécessité de promouvoir, dans le domaine alimentaire, les circuits courts et les commerces de proximité. Il faudra également repenser la place de l’automobile, le rôle du transport routier, les aménagements urbains… et rassembler dans une même cohérence les projets économiques, sociaux et environnementaux.

Ce souci de cohérence inspirait la planification à la française, souple et indicative, qui joua un rôle décisif dans la reconstruction de notre pays après la Seconde Guerre mondiale. Le Plan ainsi conçu, amélioré par la participation des syndicats et des organisations professionnelles ou de nouvelles formes…. Lire la suite sur le site de Marianne

Jean, comte de Paris