Domaine Royal, le 23 novembre 2023
La situation de notre pays n’est pas bien brillante. Tout observateur sérieux remarquera que, depuis plusieurs décennies, la France s’enfonce dans ses mauvaises habitudes tant au niveau politique qu’au niveau économique ou social.
La recherche du bien commun a disparu, d’abord parce que les politiques ne s’y intéressent plus, ensuite parce que celui-ci a été remplacé par les biens communs, pour coller à notre société consumériste. Même de l’intérêt général, il n’est plus guère question. Cela explique peut-être pourquoi ces dernières décennies ont été marquées par une suite de mauvaises décisions ou de décisions prises en dépit du bon sens.
Ceux que nous élisons pour gouverner notre pays au niveau national comme au niveau local, à part de rares exceptions, ne gouvernent plus. Ils font des affaires. Et encore, si ces affaires pouvaient bénéficier au pays ! Mais ce n’est pas le cas. Elles leur servent de marchepied pour accéder au pouvoir, à la notoriété, à des postes plus importants ou plus rémunérateurs. Le « moi-je » a remplacé toute autre considération, à l’image d’ailleurs d’une partie de la société qui ne recherche que son propre intérêt ou celui d’un petit nombre composant les cercles d’influence.
Nombreux sont nos politiques qui ne défendent plus les intérêts de ceux qui les ont élus et qu’ils représentent. Nos partis n’apportent plus de solutions. En dehors de quelques secteurs privilégiés ou en pointe, nos fleurons industriels sont démantelés, notre agriculture est abandonnée, nos armées sont réduites dans leurs capacités, notre diplomatie est devenue inefficace, notre sécurité n’est plus assurée. De plus en plus de nos concitoyens sont laissés sur le bord de la route dans des politiques qui ne s’occupent que des grands et des puissants. L’État n’assure plus ses missions.
Il faut aujourd’hui inverser cette dynamique. Certains de nos politiques devraient d’abord réfléchir à ce pour quoi ils sont élus : gouverner notre pays dans la défense de nos intérêts, chez nous, en Europe et dans le monde. C’est bien de communiquer, mais ensuite, il faut agir. Je l’ai déjà évoqué plusieurs fois, en commençant par aménager nos institutions pour tenir compte du temps long. Le quinquennat, ce système bancal où nous n’avons ni vrai président, ni vrai Premier ministre, n’est pas un modèle qui convient. Le chef de l’État doit rester au-dessus de la mêlée. Il représente la nation loin de toute idéologie et donne les grandes orientations. Il recherche l’unité des Français, dans un pays aux multiples fractures. Il doit aussi le faire en toute liberté : notre monde interagit, mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas préserver notre indépendance à l’extérieur comme à l’intérieur, en particulier à l’égard de toutes ces structures ad hoc qui fleurissent et ont tendance à remplacer nos parlements élus. Derrière, le gouvernement gouverne, avec justice, sobriété dans les mots et constance dans les actions menées.
Cela posé, il s’agit ensuite de porter un regard sur notre société soutenu par une raison éclairée par le bien et une volonté droite, pour faire avancer les sujets qui nous préoccupent. Que souhaitons-nous au fond ? Pouvoir entrer pour les plus jeunes et quitter pour les plus anciens une société qui respecte notre dignité profonde d’être humain ; recevoir un enseignement qui nous rende meilleurs et pouvoir travailler dans des conditions dignes ; bénéficier d’une couverture sociale ou de santé qui nous aide dans les moments difficiles et percevoir une retraite qui récompense le travail accompli ; vivre en sécurité dans un environnement respectueux de la création dans son ensemble ; apporter un réconfort aux laissés-pour-compte qui vivent en marge de notre société. Ce sont des thèmes sur lesquels je reviendrai, à la manière du manifeste que j’ai déjà publié sur l’écologie.
L’histoire de France fournit de nombreux exemples où nos rois chrétiens ont eu le souci constant de répondre à ces exigences nécessaires pour faire progresser notre société en assurant sa prospérité et le bonheur des Français. Nous pouvons y réfléchir sérieusement et agir en conséquence, pour le bien de la France et des Français. Courage, notre destin est à notre portée et notre pays y retrouvera son âme.