Il y a quelques années, j’avais été invité pour les 60 ans du débarquement en Normandie. J’avais été ému de voir défiler la poignée de combattants restants, grâce à qui la France avait pu rester un pays libre. Ils s’inscrivaient dans la longue lignée des hommes et des femmes qui ont permis à notre pays de garder son âme.
Aujourd’hui avec la COVID 19, nos vies sont transformées, conditionnées au passe sanitaire et bientôt, à l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne, elles le seront à la vaccination. On le voit bien, nous sommes de plus en plus sujets à la contrainte, quel que soit le prétexte, au mépris de nos libertés individuelles et collectives, pourtant garanties par notre constitution. Comment pouvons-nous, Français, avancer en oubliant ce principe inscrit partout sur nos frontons ? Où sont passés nos héros défenseurs de la liberté et de la vie, du droit et de la justice ? Peut-être ne regardons-nous plus la liberté que comme « une vieillerie tombée en désuétude avec l’honneur » (Chateaubriand) ?
Dans notre société, les idéologies prennent des formes diverses (wokisme, anti-spécisme, genre, écriture inclusive, etc.). Parfois en provenance d’autres pays, elles sont relayées par les oligarchies en vue. Elles ont en commun de diriger leurs premiers coups vers la liberté des consciences, avec une violence verbale, psychologique et physique à laquelle nous nous sommes malheureusement habitués.
Cette pente, souvent habillée du nom de progrès, nous dirige insidieusement vers l’arbitraire. Ces idées répandent une mémoire revue et corrigée, vidée de son vrai sens et déconnectée de la réalité des êtres et des choses. « Une idéologie est précisément ce que son nom indique, elle est la logique d’une idée, l’émancipation de la pensée à l’égard de l’expérience » (Hannah Arendt). Elles brandissent une justice sociale qui n’est ni juste ni sociale. Elles promeuvent une société aseptisée où nous ne « vivons » plus mais où nous nous « accomplissons » !
Il est temps de nous réveiller. Nous devons défendre les intérêts de notre pays pour le bien de ceux qui y vivent.
Il faut pour cela nous appuyer d’abord sur une vision de l’homme comme « être doué de raison ». Encore faut-il que cette raison ne soit pas folle. Soljénitsyne l’explique bien : « si durant des dizaines d’années d’affilée on ne permet pas de dire les choses comme elles sont, la cervelle des hommes se met à battre la campagne irrémédiablement et il devient plus facile de comprendre un martien que son propre concitoyen ». Comment alors nous accorder, comment trouver une base commune de réflexion, un dénominateur commun de vie en société ?
Il faut ensuite regarder l’homme dans sa dimension d’ « animal politique ». Un homme naturellement enclin à vivre avec les autres, en famille, en entreprise et enfin en société, loin de ce monde de distanciation qui nous est proposé. Une humanité au service d’un bien commun et dans une relation de confiance, loin de la vision moderne où « l’homme est un loup pour l’homme » (Hobbes).
Enfin, il est nécessaire de promouvoir une vraie justice quae suum cuique distribuit, qui rende à chacun son dû, que la personne ait agit pour le bien ou qu’elle ait commis un acte répréhensible. Le contraire du concept actuel de justice sociale qui ne cherche en fait qu’à promouvoir la satisfaction des désirs d’individus ou de groupes particuliers à un moment donné.
Nous devons résister à cette lame de fond qui brise la pensée. Il nous faut chercher, en conscience, dans l’homme et dans la société ce qui enrichit, ce qui unit, avec équilibre et responsabilité. Il faut « voir pour agir » avec une solidarité particulière envers les plus humbles, en recherchant la charité dans la vérité sans occulter les difficultés : « Les défaites sont nécessaires aux peuples comme les souffrances et les malheurs à l’individu ; ils vous obligent à approfondir votre vie intérieure, à vous élever spirituellement » (Soljenystine). Cette verticalité, qui correspond à notre morphologie, loin de la société déstructurée et liquide qui nous est proposée, nous est indispensable.
A l’approche de Noël, le chrétien que je suis, avec ses imperfections mais aussi son espérance, dépose la France et les Français aux pieds de la Sainte-Famille réunie dans la crèche pour qu’avec grandeur d’âme nous continuions à forger notre destin dans cette liberté chèrement acquise. C’est le vœu que je forme, car la vérité rend libre de voir et de faire le bien.
Jean, comte de Paris