J’espère que ce message vous trouve en bonne santé, vous-mêmes, vos familles et vos proches.
Confiné comme tous les Français, ce que je retire de ce mois, c’est un peu l’histoire du bocal qu’on a trop souvent rempli avec du sable et dans lequel on ne peut plus mettre de cailloux, ni les petits et encore moins les gros. Si en revanche on commence par y déposer les gros cailloux, il reste toujours de la place pour les plus petits, et le sable. Les gros cailloux sont les choses importantes : la famille, les amis, l’école, le travail, la religion. Les petits cailloux les choses moins importantes : la maison, les vacances, les loisirs. Le sable les choses plus futiles.
Le confinement m’a permis de remettre au centre de mes préoccupations les choses importantes.
D’abord, vivre avec plus d’intensité la vie de famille, en étant plus attentif à certains de ses membres plus éloignés dont on demande parfois moins de nouvelles. J’ai pesé aussi la chance que j’avais de vivre dans un pays où en période normale, nous pouvons aller et venir avec beaucoup de liberté. Enfin, pour moi qui suis chrétien, j’ai essayé de vivre plus profondément cette Semaine Sainte et cette fête de Pâques. C’est d’ailleurs souvent lorsque les choses nous manquent que nous en réalisons la valeur.
Cette période grave m’a également permis de réfléchir à la façon dont la crise à été gérée, pour essayer de discerner les tendances fortes, notamment quelles sont les structures indispensables au bon gouvernement des personnes et des choses.
La crise nous montre d’abord que l’État et ses services, dès lors qu’ils se sont mobilisés, sont rapidement redevenus des fondamentaux dans la prise de décision. Les préfets et sous-préfets se sont révélés cruciaux pour assurer la continuité des décisions de l’État. Pour permettre un lien avec les citoyens, l’échelon des maires s’est lui aussi avéré indispensable : qui connaît mieux ses administrés que le maire ? Enfin, certaines autorités morales ont aussi servi de relais, souvent auprès de ceux qui se sentent exclus de la société.
De leur coté les institutions supranationales ont manqué le coche. Elles n’ont prouvé ni leur utilité ni leur inutilité, ce qui m’amène à penser que leur rôle et leur nature doivent être redéfinis pour permettre une meilleure coopération et coordination, sans se substituer aux États comme elles ont tendance à le faire aujourd’hui.
Nous nous apprêtons aussi à traverser une grave période de crise économique. Nous aurons besoin de toutes nos qualités pour la surmonter. Nos institutions devront être des facilitateurs. Le pourront-elles ? Sans doute. Le voudront-elles ? Je ne sais !
Sans la force de caractère des Français, nous serions encore coincés au milieu du tunnel. Le peuple de France est un peuple courageux qui se révèle souvent dans l’adversité. On le voit dans plusieurs initiatives que de simples citoyens ont prises, comme ce médecin de l’hôpital de Dreux qui a pu mobiliser les bonnes volontés pour la confection de blouses ou encore ce jeune garçon qui fabrique des masques chez lui pour les distribuer à l’hôpital voisin.
Notre peuple de France en a vu d’autres! Il s’est toujours remis, en faisant confiance à ceux qui aiment notre pays et qui le servent.
Il faut déjà panser les plaies pour penser à l’après. Le chemin ne sera pas facile. Il sera sans doute plus long que souhaité. Mais nous avancerons comme nous avons toujours su le faire. En nous appuyant sur les forces vives de notre pays. Et surtout en vue du bien commun de notre pays qui est la condition du bien des Français.
En cette période particulière pour chacun d’entre nous, permettez moi de vous souhaiter une belle fête de Pâques. Que nos saints patrons veillent bien sur nous, que Saint Michel et Saint Louis protègent notre pays et nous donnent du courage dans les efforts à venir.
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Photo : le comte et la comtesse de Paris et les enfants de France en ce jour de Pâques au domaine royal de Dreux