J’ai suivi de près les annonces du gouvernement ces deux dernières semaines.
J’ai d’abord noté un clair manque de stratégie générale. J’ai le sentiment qu’aucune anticipation n’est de mise et que le gouvernement navigue à vue. Alors que la réflexion sur les conséquences doit être le propre de l’action politique, l’impact sur le tissu économique et social n’est pensé qu’en aval de la prise de la décision. De nombreux commerces et petites entreprises le paieront malheureusement au prix le plus fort, et le gouvernement, après avoir promis que personne ne perdrait d’argent, est effaré par le nombre de personnes forcées de se mettre en chômage partiel… J’ai ensuite eu le sentiment qu’une certaine philosophie « utilitariste » guidait plusieurs décisions, comme la mise à l’écart des personnes âgées, dont on a découvert tardivement la situation tragique en EPHAD, ou le fait de renvoyer les enfants à l’école, au risque d’une seconde vague, pour remettre les “utiles” au travail.
Au-delà même de la nature hasardeuse des décisions successives, la manière dont elles sont annoncées relève plus de la communication que de l’information. Les bonnes pratiques, mises en oeuvre tôt dans d’autres pays, ont considérablement tardé à être préconisées de manière ferme et définitive. Comment ne pas comprendre que de nombreux Français se sentent manipulés quand le gouvernement conseille le port général du masque un mois après que son porte-parole ait affirmé qu’il était inutile ! Et chaque décision, à peine proclamée est aussitôt nuancée au point qu’on ne la comprend plus.
Comme nous avons pu le constater lors de la crise des Gilets Jaunes, la France est un pays déjà profondément fracturé. Les émeutes en banlieue de ces derniers jours, dont les premières victimes en sont ses habitants mêmes, sont également un énième révélateur de la fragilité de l’autorité de l’État sur une partie du territoire. Au même moment, dans des lieux respectueux de la loi et écartés des principaux foyers de contamination, on a pu relever ce qui s’apparente à des atteintes à nos libertés fondamentales, à travers certains contrôles policiers vétilleux…
Dans Marianne cette semaine, j’ai proposé un certain nombre de directions que pourraient prendre nos politiques publiques (lien ). Notre pays doit changer ses priorités, dont on ne voit pas bien s’il s’agit de protéger les Français ou le gouvernement. Il doit aussi changer de paradigme. Il est temps que nos gouvernants prennent conscience de ce qui est leur responsabilité : le service de la France et des Français.
Jean, comte de Paris
Domaine royal de Dreux, le 26 avril
PS : Je profite de cette occasion pour remercier les nombreuses personnes qui se sont enquises de la santé de la famille royale. Nous allons tous bien, et j’espère qu’il en va de même pour vous.